Il y a des rituels le matin qui annoncent une journée de merde, comme par exemple dire bonjour à son patron. Et il y a des rituels le matin qui annoncent une journée plus sympa, comme refaire la pression des pneus. On met un pull sous le blouson, les bottes, le casque, les gants, on démarre la moto, et on se rend tout guilleret pour la première balade de la saison 2012-2013 de la CASIM77. Un programme mitonné aux petits oignons par l’ami Raymond en Seine et Marne. Si proche et pourtant si méconnue (la Seine et Marne, pas Raymond).

Nous retrouvons tout le monde sur la parking du carrouf de Pontault-Combault, et en profitons pour faire le plein. Il faut dire qu’on en aura besoin, plus de 200 km sont au programme aujourd’hui. Pour une première balade, on attaque sérieux. Enfin, attaque… On n’est pas partis que nous sommes déjà refroidis : l’un de nous ne nous retrouvera pas, il est tombé en nous rejoignant, la moto ne redémarre plus, et il a fait appel à l’assistance de son assurance. Too bad. Il faut dire que le temps est couvert, et la route un poil gras-mouillée.

Avant de se lancer, café préparé par Muriel, et petits gâteaux apportés par Miss Travling. Qu’elles en soient remerciées jusqu’à la septième génération (et surtout qu’elle n’hésite pas à recommencer, c’est pas pour rien qu’on a sélectionné quelques stagiaires féminines…) !

Ensuite, briefing sur le roulage en groupe par le camarade président, puis constitution des groupes. Nous sommes 29 motos, nous ferons donc trois groupes : les poireaux, les mi-poireaux qu’on appellera les courgettes (faudra qu’on m’explique comment un demi-poireau fait une courgette), et les blaireaux. Fait exceptionnel, les trois groupes se constituent d’eux-mêmes de façon équilibrés : 10, 10 et 9. Puis nous partons.

Le groupe des blaireaux ne dépassera pas le premier rond-point. L’erreur a peut-être été de leur dire que c’était le groupe le plus rapide. Toujours est-il que… PAF ! Nous relevons la moto, plus de peur que de mal, juste la pédale de frein pliée, que nous redressons avec les moyens du bord (dont deux instruments forts utiles : une b*te et un couteau) et nous repartons. Et comme chaque chose est prétexte à apprendre des trucs, nous faisons deux découvertes : un, les patins de protection c’est fort utile, et deux, oui, Félix est suffisamment gros pour bloquer un rond-point à lui tout seul.
Du coup, l’ambiance n’est pas tout à fait à la fête. Chacun est focalisé sur l’adhérence, la décontraction n’est pas au rendez-vous. Certains vont dire que c’est le matin, qu’ils ne sont pas réveillés, mais c’est juste pour cacher qu’il y a un peu d’appréhension. Parfois le motard est pudique… Les kilomètres s’enchaînent doucement (on n’a jamais dû dépasser le 90 km/h) et nous nous retrouvons au premier arrêt, sans autre fait regrettable (malgré la tentative d’un pigeon suicidaire et suicidé). Juste les cyclistes, nombreux, et qui ne sont pas toujours faciles à doubler lorsqu’ils se mettent à rouler à trois de front.

Petit arrêt dans un bar du côté de Jouy sur Morin ou 30 blousons noirs (ouais j’exagère, c’est pour le mythe !) s’arrachent du café, thé, chocolat (j’étais pourtant certain que tous étaient adultes…)

Le temps nuageux se découvre un peu, et commence à apparaître un grand ciel bleu. Du coup, le départ est plus joyeux, et chacun est un peu plus en forme, prêt à en découdre. C’est qu’on a une revanche à prendre sur le matin. Cette deuxième partie de matinée est de fait un peu plus sereine. Les routes se font plus petites, et même si le revêtement sèche, la route est encombrée de terre, de matières organiques non identifiées… Nous continuons jusqu’à Provins, faisons une belle photo de groupe sous les remparts, et nous repartons nous requinquer, restaurer, bref, on va aller becqueter, c’est pas tout ça, mais Averell a la dalle.

Je passe sur le fait qu’on se soit perdus pour retrouver le Flunch, et nous provoquons un afflux massif dans le self. C’est-à-dire qu’on doit représenter ce jour là, un peu calme il faut dire, environ 90 % de la clientèle. Heureusement que les pompiers sont venus en nombres (une dizaine), sinon je crois bien qu’on aurait fait peur à quelques personnes âgées présentes pour leur sortie dominicale. Il faudra même retenir les filles du groupe des poireaux, prêtes à se jeter sur les uniformes bleus !
Nous repartons, et cette fois, le ciel est grand bleu ! Nous repartons, repus, et guilleret, quoi qu’avec une légère envie de faire une sieste. Nous faisons connaissance avec quelques routes à chèvres que nous a préparé Raymond, et comme le revêtement a bien pris le temps de sécher sous le grand soleil désormais radieux, tout roule (si j’ose dire) comme sur des roulettes ! Ah si, un léger problème : mais pourquoi j’ai pris ce pull ? Oui, oui, on a eu trop chaud !

Toujours est-il que chacun commence à prendre ses marques : les formations se resserrent, les trajectoires sont de plus en plus lissées, chacun logé dans sa demi-file. Le roulage est propre, rien à dire !

Troisième arrêt, devant un restaurant gastronomique américain, juste histoire de se faire démarcher par une assureuse spécialisée en Ducati, alors qu’on n’avait pas une seule Ducati avec nous. Comme quoi, la vie est bizarre des fois. Et nous repartons, direction Arbonne.
À Arbonne, petit briefing sur les trajectoires de sécurité, et on en profite pour faire quelques passages. Même pendant les balades, on fait un CPM ! Tout se passe bien si ce n’est que les parkings sont détrempés, et boueux, et une botte a glissée entrainant une nouvelle moto par terre. Heureusement, la terre étant tellement meuble que le propriétaire en est quitte pour un bon nettoyage : pas de bobo apparent. Il faut dire que la fatigue générale se fait un petit peu sentir (et pas que sous les bras).

Et ensuite nous repartons, après avoir enquillé 260 bornes, fatigués, mais heureux, retrouver nos pénates, une douche salutaire, un diner copieux et un lit douillet. Il est temps de penser à demain… Oh non, pas demain…

Stéphane (Averell)

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